* Nan… C’est faire trop de cas de ce minus… je ferais mieux de l’ignorer.*
le magnéto continuait à tourner pendant ce temps là.
Tatsuki> voila ici on sera bien (tatsuki se souvint du petit réfectoire dans lequel elle avait emmené ralf pour l'interviewer)
ralf> Oui ici ce sera parfait pour discuter calmement. Prendrez vous quelque chose à boire ? je vous conseille une bonne bière blonde de Munich…
tatsuki> humm (gênée), non désolée je ne bois pas d’alcool, sauf du saké bien sûr !
ralf> bien sûr j’aurai dû m’en douter, comme tous les japonais d’ailleurs…et Tomomi n’échappe pas à la règle, ce n’est pas faute d’essayer. Pourtant elle est bonne la bière fabriquée par mon père !!
tatsuki> pour commencer, on ne vous connaît pas beaucoup Ralf, on vous voit très peu en dehors de la piste. C’est dû à de la timidité ou alors une envie de se faire très discret ?
ralf> N l’un ni l’autre : je suis un pilote et la seule chose que je sais faire c’est piloter ; aussi pour me donner à 200% lors des week-end de course j’ai besoin de calme avant la tempête pour pouvoir me concentrer. Et aussitôt la course terminée je repars chez moi dans ma Bavière natale.
tatsuki> ça doit vous faire un drôle d’effet alors d’avoir un équipier très extraverti comme Tomomi ? qu’avez vous pensé de lui en le voyant la première fois ?
ralf> (rires) c’est le moins qu’on puisse dire. Nous sommes à l’opposé l’un de l’autre. La première fois que j’ai rencontré Tomomi c’était ici chez ART pour la signature des contrats : il est arrivé habillé très décontracté, les cheveux hérissés avec une crête rouge nippon. Je me suis dis que la saison allait être très folklorique et je me suis même demandé ce qui était passé par la tête des gens de ART pour avoir engagé ce pilote.
tatsuki> et depuis vous avez l’air d’avoir changé d’avis vu l’ambiance au sein de votre team lors des week-end de course, on vous voit souvent ensemble discuter et plaisanter dans les pits .
ralf> oui je dois dire que Tomomi m’a surpris par son professionnalisme, sa motivation et sa rapidité en piste aussi et j’ai appris à le connaître aussi. C’est un bon équipier et un pilote très doué.
tatsuki> d’ailleurs votre association a fait quelques merveilles en course cette saison : des points pour vous et Tomomi lors des quatre premiers GP avec une deuxième place en France à votre actif. Quel a été votre état d’esprit en montant sur le podium ?
ralf> (un moment de réflexion) ouahh, ça été grandiose, finir à la deuxième place m’a procuré beaucoup de joies et de satisfaction pour l’équipe. Lors de ce week-end nous avions tellement bien travaillé qu’il aurait été impensable d’obtenir aucun résultat, nous sommes passés tout près de la victoire mais finir tous les deux dans les points a donné une source de motivation supplémentaire pour l’équipe.
tatsuki> il y a eut aussi un autre moment fort pour vous cette saison : c’est le grand prix d’Allemagne avec une bonne 4ème place à la clé ?
ralf> (les yeux pétillants) oui je tenais à briller lors de mon GP national. Tout le team avait fait en sorte de me préparer une super voiture, Tomomi a lui aussi contribué à cette position. Je finis en 4ème position dans le groupe se battant pour la 3ème place que je rate pour un souffle…ça été un GP très accroché où il fallait piloter à la limite sans arrêt. Bien sûr ça restera pour moi le meilleur souvenir de cette saison pour toutes ces raisons et puis marquer ses premiers points en CF2 à domicile là où j’ai débuté l’année précédente a été pour moi comme si j’avais gagné…
tatsuki> justement en parlant de victoire…à quand la première ?
ralf> (surpris) ben je peux vous dire qu’on se donne à fond toute l’équipe pour décrocher une victoire d’ici la fin de saison. Que ce soit moi ou Tomomi je serai heureux tout pareil.
tatsuki> (comprenant la gêne provoquée par sa dernière question) en tout cas c’est tout le mal que je peux souhaité à l’équipe ART…
ralf> …
tatsuki> bien Ralf je vous remercie de m’avoir consacré un peu de temps pour répondre à ces questions qui feront sûrement plaisir à vos fans japonais…
ralf> …ah bon j’ai des fans au Japon ? (tout surpris)
tatsuki> (sourire) oui je peux même vous dire que votre cote grandit là-bas et qu’un fan club est en train de se monter…
ralf> eh bien c’est cool de savoir ça, je remercie alors tous mes fans et leur promets de donner le meilleur de moi à chaque course pour ne pas les décevoir.
tatsuki> …
ralf> vous voulez pas une petite bière pour trinquer ? (interrogatif)
tatsuki> non merci sans façon
ralf> tans pis…
tatsuki réfléchit et effaça ses premières lignes pour recommencer un second article.
- Citation :
- Travailleur de l’ombre
Il est bon de le rappeler, le sport automobile est un sport d’équipe. Non que les vrais fans ai oublié cet aspect essentiel, mais, comme dans tout sport, la médiatisation se fait principalement autour des grandes figures d’une disciplines. On en oublie parfois que l’essentiel du travail est réalisé en amont, bien avant que les pilotes ne prennent la piste. Pourtant au sein même d’un team, les regards sont tournés vers les pilotes. Ces hommes semblent à part et sont toujours sur les feux de la rampe. Et pour cause. Alors qu’un bon pilote est capable de compenser les erreurs de son équipe, un mauvais viendra réduire à néant des heures de travail.
Nous nous sommes donc habitués à traiter ces hommes différemment. Tantôt demi dieux , tantôt pestiférés, ils attirent toujours l’attention. Si cet médiatisation ne semble pas poser de problèmes à certains d’entre eux, un petit nombre préfère rester dans l’ombre. Ils cultivent une image de loup solitaire, peu enclins à ce faire des amis, préférant parler des autres plutôt que d’eux même.
En visite dans l’usine ART Honda en Angleterre, j’ai pu rencontrer un de ces pilotes. Je veut bien sur parler de Ralf Schwarzkopf, le leader de l’écurie ART. Il m’a été extrêmement difficile d’arriver à le rencontrer. L’homme, sans se cacher particulièrement, préfère se ressourcer dans sa Bavière natale. Il semble y suivre un régime très strict à base de bière artisanale.…
le magnéto tourne toujours et tatsuki ne se rappelle pas avoir encore écouté cette partie de la bande. Après un petit moment de silence des voix un peu éloignées se font entendre.
homme 1> A ton avis elle est là pourquoi ?
homme 2> une interview à ce qu'il parait.
homme 1> mouai... une inspection plutôt.
homme 2> bah une journaliste ça fouine c'est son boulot.
homme 1> mais une nippone et pas n’importe laquelle. A ce qu'il parait elle est marié à un gars bien placé chez
Honda.
homme 2> à son age?
homme 1> c’est ce qu’on m’a dit.
homme 2> Ca explique pourquoi on nous l’a imposé. Et tu crois qu’elle va quand même faire son article ?
tomomi> oui ! Ca c’est certain.
homme 1> ah tomomi! comment tu le sais? tu la connaît?
tomomi> oui et ça ne vous regarde pas....
homme 1> fait pas le cachottier. On voit bien que tu la connaît. Raconte nous.
homme 2> Elle vient pour une inspection c’est ça ?
tomomi > Non. Et sincèrement quelle importance ?
homme 1> …
tomomi > tien elle a laissé ses affaires. Elle est parti où?
homme 2> aux toilettes je crois.
<on entend un bruit de friction quand tomomi attrape le magnéto et le sac de tatsuki>
<puis des bruits de pas>
<et enfin une porte qui s'ouvre et se ferme>
tomomi> t'es là?
...silence...
tomomi> tatsuki?
tatsuki - voix étouffé derrière une porte de toilette> tomo c'est les toilettes des dames là?
tomomi> non, tu as pas remarqué, il y a pas de panneau sur cette porte. Les toilettes des dames c'est à l'étage.
tatsuki> et les autres à coté?
tomomi> pour les hommes aussi.
tatsuki> quoi? et pourquoi ? y a un sigle ‘toilettes hommes’ sur l'autre pièce et il y en a aucun sur celle-ci. Donc celles-ci c’est les toilettes dames.
tomomi> Ben… à l'origine oui. Mais comme il en vient jamais on arraché le panneau, ça nous fait plus de place.
tatsuki> mais c'est dégueulasse!!! ...
tomomi> Non. Ce qui serait dégueulasse ce serait de devoir faire la queue à coté alors qu’ici c’est tout le temps vide.
tatsuki> maintenant tu sais que j'y suis, alors sort de là.
tomomi> …
tatsuki> …
tomomi> Au fait ! tu sais déjà pourquoi je suis parti. C’était pas la peine de pauser la question.
tatsuki> ...
tomomi> de toute façon tu es coincé là, alors tu es obligée de m'écouter.
tatsuki> ...
<on entendit un petit chplof dans les toilettes et tatsuki rougit de honte en se souvenant de ça>
tomomi éclata de rire
tatsuki> c'est pas drôle.
tomomi essayant de se calmer>
désolé...
tatsuki> ça peut pas attendre 2...
tomomi> je t'aimais tu sais.
tatsuki> ...
tomomi> mais tu v..
tatsuki> moi aussi je t'aimais.
tomomi> ...et maintenant tu me détestes.
tatsuki> tu te rends comptes de ce que tu as fait?
tomomi> je n'avais pas le choix.
<on entendit un coup donné par tatsuki sur la porte>
tatsuki> menteur! tu avais le choix.
tomomi> ...
tatsuki> et tu ne m'as pas choisi.
tomomi> tu ne comprends pas. J'avait besoin de piloter, je ne pouvait pas me retrouver sans volant. C'est comme l'air que je respire j'en ai besoin pour vivre. Toute ma famille l'a compris. Ils m'ont encouragé à partir.
<on entendit le bruits des vêtements de tatsuki tandis qu'elle se rhabillait>
tomomi> Ici les gens me prennent comme je suis. un jeune pilote japonais qui fait de son mieux pour aider son équipe et qui se bat sur la piste. Avec toutes les rumeurs qu'il a fait courir, Nobuo m'avait mis hors jeu de toutes les compétitions du pays. Plus personnes ne me faisait confiance.
tatsuki> tu l'avais cherché.
tomomi> qui Nobuo ? oui, en sortant avec toi.
tatsuki> ...
tomomi> de toute façon je vois pas en quoi je serais le seul responsable, tu as bien fini par l'épouser.
tatsuki> moi aussi j'ai du faire des choix.
<la chasse d'eau retentit étouffant les sons sur la bande.>
<la porte s'ouvrit et tatsuki sorti>
tatsuki> en parlant de mon mari. Il m'a demandé de faire un papier sur toutes les écuries Honda de la CFx.
tomomi> promo?
tatsuki> mise en valeur. Les patrons se demandent si ils n'ont pas investit tant d'argent pour rien. Ils veulent un retour sur investissement.
tomomi> et ils demandent à la femme d'un de leurs attachés de presse de faire ça? ça ne va pas être crédible deux minutes.
tatsuki> le public est naïf tu sais.
tomomi> mais pas le milieu pro.
tatsuki> c'est le grand public qui nous intéresse.
tomomi> tu es toujours journaliste à ce que j'en sais.
tatsuki> oui et alors?
tomomi> alors raconte la vérité.
tatsuki> quelle vérité? tu veut que je raconte à tout le monde à quel point tu es ridicule sur la piste.
<tomomi sourit gêné.>
tomomi> oui ça aussi.
tatsuki> ...
tomomi> mais surtout une équipe ça ne se résume pas à ses résultats, ses pilotes ou les multiples ragots que l’on peut y récolter. Ce sont des hommes qui vivent et construisent ensemble. Si les gens de chez Honda ne se contentaient pas de nous fournir de l'argent mais venait nous apporter leur aide plutôt que leur défiance, les choses pourraient être très différentes.
tatsuki> mouai...tu cherches encore des excuses là, mais je leur en parlerai.
tomomi> alors leur dit pas que ça viens de moi.
tatsuki> si. Comme ça pour une fois je leur dirais la vérité.
tomomi> tiens au fait, tu as pas éteints ce truc.
tatsuki> ..??
tomomi> comme j'ai eut peur de tout effacer, j'ai rien touché.
<tatsuki attrapa le magnéto et le coupa>
Finalement tatsuki changea à nouveau d’avis et réécrit un 3eme article.
* Oui c’est vrai il ne faudrait pas que j’oublie l’essentiel. *
Article finalement publié
- Citation :
- Au cœur des CF séries.
La vitesse, le bruit des moteurs, l’odeur de l’huile et de la sueur, les regards froids et déterminés des pilotes, la tension quasiment palpable sur la ligne de départ. Tous ces ingrédients, une fois perçus, rendent n’importe quel amateur de sport automobile purement fan. Ils en demandent toujours plus. Ils veulent s’approcher des pilotes, des teams, ils veulent leur parler, les comprendre et leur témoigner leur soutiens. Seulement si chacun d’entre nous avait la chance de côtoyer ses hommes au quotidien, la vie des équipes deviendrait un enfer. La pression, déjà très forte deviendrait insoutenable.
Pour arriver à une situation sereine, il est nécessaire d’attiser la soif d’information des foules et le besoin de reconnaissance des team, tout en préservant la distance nécessaire. Les journalistes sportifs sont là pour ça. Nous sommes des privilégiés. Nous côtoyons vos idoles (nos idoles), nous les questionnons, les espionnons même parfois. En échange, notre rôle est de vous raconter l’histoire, leur histoire. J’entame donc avec cet article une série de 3 reportages sur le monde de la CFx. Cette compétition de renommée internationale commence à s’imposer auprès des supporter nippon. Certains de nos plus grands pilotes ont même pris part à l’un de ces divers championnats.
Grâce à mes contacts bien connus au sein de l’écurie Honda j’ai pu obtenir l’autorisation d’interviewer au moins un pilote de chacune de leurs équipes. J’aurai donc l’immense honneur de les rencontrer lorsqu’il viendront au Japon, lors du grand final de la CF1 et de l’ICORL. Mais nous en reparlerons le moment venu. En guise d’amuse gueule, je me suis rendue en angleterre. Là bas j’ai pu visiter l’usine de l’écurie ART Honda qui évolue dans le championnat de CF2. J’y ait rencontré le pilote Allemand Ralf Schwartzkopf…
Bon ça suffit… aux autres maintenant. *
Tatsuki rangea son matériel et s’allongea sur le lit.
Note l’auteur : vu que j’ai oublié de préciser son allure et sa tenue, je vous laisse imaginer tout seul.